Devenir blonde et bronzée quand on a un poil châtain-roux, un teint d’endive anémique et une peau allergique au soleil et aux cabines d’UV, en voilà une idée !
Tout a commencé en fin de soirée dans un pub irlandais de Lille, après un nombre indécent de bières avalées. Le projet germe dans mon esprit embrumé et celui de mon amie Fred. Je ne sais plus comment c’est venu dans la conversation, entre les « y’a qu’à /faut qu’on » pour résoudre la dernière crise mondiale et les lamentations sur « les mecs, tous des salauds »… Car à chaque bière, on devient plus lucide et intelligent, c’est bien connu.
Alors voilà : J’ai rêvé d’être une heure, une heure seulement, blonde, blonde, blonde… blonde et bronzée à la fois, comme Jacques Brel chantait vouloir être beau et con à la fois.
Et Fred et moi ensemble, rien ne nous arrête !
Le projet est ambitieux, jugez-en :
J’ai les cheveux courts,. Tous les deux mois, je me les coupe moi-même et je vais chez le coiffeur une fois par an pour rectifier. Je ne me maquille pas et je me fous comme de l’an quarante des fringues et des tendances.
Fred est élégante, elle sait se coiffer, se maquiller, s’habiller en toutes circonstances. Elle connaît les codes.
Alors Fred prend les choses en main. Tout d’abord, on attend que les cheveux poussent. Puis rendez-vous est pris chez un coiffeur réputé qui me confie aux mains expertes du coloriste maison. Je n’imaginais pas que l’on puisse passer autant de temps chez le coiffeur. Toute une longue matinée ! Deux étapes sont prévues : 1. Décolorer le cheveu ; 2. recolorer le cheveu en blond, une nuance douce et chaleureuse choisie par Fred.
La première étape se déroule comme prévu. Mais à l’issue de la seconde étape, lorsque je relève la tête du bac à shampoing après le rinçage, je vois les yeux de Fred s’agrandir une fraction de seconde. L’inquiétude me gagne qui se transforme en panique quand Fred dit : « ça va aller ». La tête du coloriste expert n’est pas rassurante. Silencieux et grave, il me raccompagne au fauteuil de coiffage.
Et là, dans le miroir, je découvre le désastre : mes cheveux sont roses !!! Pas un beau rose girly, non ! Un rose mémère fadasse et ridicule…
Fondre en larmes ou éclater de rire ? L’expert donne son verdict : « On va faire un flash ». Il se détend un peu. Et c’est reparti pour un badigeonnage visqueux sur la tête, suivi 15 minutes plus tard par un 3ème passage au bac à shampoing.
Et enfin, le résultat final : réussite totale ! Coiffage et séchage accomplis, me voila prête à conquérir le monde. Mais blonde avec un teint de navet, je ressemble plus à un zombie qu’à Marilyn Monroe.
Prochaine mission de Fred : le bronzage !